Ac 2, Ac 4 : la vie des premiers chrétiens

Publié le par Comité de Pilotage - lecture du Livre des Actes

article pris sur le site : Bible service
Ac 2, Ac 4 : la vie des premiers chrétiens


Immédiatement après le récit de la Pentecôte et la longue prédication de Pierre aux Juifs rassemblés ce jour-là à Jérusalem (prédication qui débouchera sur la conversion et le baptême d’ ''environ 3000 personnes'') l'auteur du livre des Actes présente la communauté de Jérusalem (Ac 2,42-47).

Il le fait en des termes si choisis, si élogieux que l'on peut se demander si cette communauté a réellement existé et s'il est un bon historien !



''Ils étaient assidus à...'' (vv. 42-43)


Dans le premier verset, Luc présente quatre éléments fondamentaux de la communauté primitive : l’enseignement des apôtres, la communion fraternelle, la fraction du pain, les prières. Le verbe qui les commande est à l’imparfait, comme tous ceux qui suivront. Il évoque un état durable et non une action ponctuelle. Luc veut-il montrer que ces éléments sont constitutifs de toute communauté chrétienne ? Leur apparition dans la suite du récit pourrait confirmer cette hypothèse.

La première caractéristique mentionnée par Luc est l’enseignement des apôtres. Le mot ''enseignement'' (en grec : didachè) a-t-il ici le sens technique qu'il aura plus tard - à savoir l'instruction des baptisés ? Ne se réfère-t-il pas plutôt à la prédication des apôtres à l'extérieur comme à l'intérieur de la communauté ? Un point semble certain : pour Luc, la foi de la communauté naît et s'approfondit en référence à l'enseignement de ceux qui ont été les témoins directs de la vie et de l'enseignement du Seigneur (Ac 1,21-22).

Suit l'évocation de la ''communion fraternelle''. Cette expression traduit en fait un seul mot grec : koïnonia, un mot riche de significations. Il peut désigner aussi bien la solidarité matérielle que la communion spirituelle des croyants avec Dieu ou des fidèles entre eux.

La ''fraction du pain'' est le terme technique que Luc utilise à propos des chrétiens qui renouvellent le geste de Jésus ''rompant le pain'' lors de la dernière Cène. Le Troisième Évangile avait déjà utilisé cette expression, lorsque les disciples d’Emmaüs avaient reconnu Jésus ''à la fraction du pain'' (Lc 24,35).

Les ''prières'' constituent une dernière caractéristique de l’Église de Jérusalem. Mais on s'étonne de ce pluriel. S'agit-il là de diverses formes ou moments de la prière communautaire ? Un peu plus loin, on verra les premiers chrétiens participer à certains temps liturgiques au Temple de Jérusalem (2,46 ; 3,1). Luc nous dit qu'ils priaient également dans leurs maisons, à l’occasion de repas en commun, et la louange semble dominer (2,47).



''Ils étaient unis…''(vv. 44-45)


Les versets qui suivent reprennent certains aspects de la vie communautaire, ou évoquent les sentiments de ceux qui voyaient vivre la communauté de Jérusalem. On y apprend que la prédication des apôtres, s’accompagne de ''prodiges et de signes''. Elle s'apparente en cela à celle de Jésus (2,22 cf. 5,12 ; 6,8 etc). Mais comment comprendre le fait que la crainte suscitée par la prédication des apôtres (v.43) n’exclue pas une certaine attirance (v.47) ?

Est-ce le signe que, pour lui, la communion ne peut rester un partage purement spirituel, mais qu'elle a aussi une dimension éLa suite de la présentation souligne avec force le motif de l’unité. L’accroissement du groupe initial aurait pu compromettre l’unanimité originelle. Il n’en est rien, affirme Luc qui fait de la communion la caractéristique essentielle de ''tous ceux qui étaient devenus croyants'' (v.44). Pour la première fois apparaît ici le verbe ''croire'' que Luc utilisera 36 fois dans ce livre ! Mais l’élément inédit, dans ce passage, vient de ce que l’unité des croyants n’est pas seulement spirituelle: ''ils mettaient tout en commun; ils vendaient leurs propriétés et leurs biens pour en partager le prix entre tous selon les besoins de chacun'' (vv.44-45). C’est un fait que Luc tient fortement à souligner. conomique ?



''…ils louaient Dieu.'' (vv. 46-47)


En précisant que les chrétiens de Jérusalem ''se rendaient chaque jour assidûment au Temple'' et qu’ ''ils rompaient le pain à domicile'', Luc note à la fois l’attachement de l’Église de Jérusalem au Temple et son originalité par rapport au judaïsme. Au même moment, l’unanimité, l’allégresse et la louange caractérisent une nouvelle fois la communauté de Jérusalem. C'est bien le signe que ces premiers chrétiens n’avaient pas la piété ombrageuse ou morose ! Et l’on en vient à se demander si ce n'est pas une des raisons pour lesquelles ''ils avaient la faveur du peuple tout entier'' (v.47a).

En réalité, aussi important soit l'impact de ces chrétiens sur ceux qui les voyaient vivre, Luc a bien soin de rappeler, dans un dernier verset, que la force d’attraction de la communauté de Jérusalem était due surtout à l’action du Seigneur lui-même qui ''adjoignait chaque jour à la communauté ceux qui trouvaient le salut'' (v.47). Pourquoi ce rappel ? Certains auraient-ils oublié que le Seigneur, et lui seul, était le maître de la mission ?

© Pierre DEBERGÉ. Article extrait des Dossiers de la Bible n° 84 (2000), p. 10-11


Publié dans Textes de complément

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