Témoignage d'une animatrice de la paroisse de Ligueil
Année de la mission – paroisse St Grégoire de Ligueil – Groupes de lecture des Actes
Journée du 28 Mars 2009 à la Grande Breteche – Tours
Quelques mots sur l’origine
Je vous parle depuis la paroisse St Grégoire de Ligueil, doyenné de Loches, 8500 habitants, 15 clochers. J’y suis en communauté de Sœurs des campagnes à Ligueil.
Automne 2004, réorganisation des paroisses en Touraine du Sud, moins de prêtres, les messes sont célébrées le dimanche à l’église du centre et ne le sont plus dans les églises des petits villages. Depuis, la paroisse s’étant agrandie de cinq villages elle est aussi célébrée le dimanche dans un de ces cinq villages.
Donc en 2004, à l’automne, une question se pose : comment garder une vie et une visibilité d’Eglise dans ces villages ? Après proposition et échange avec des personnes-relais de ces villages, nous allons nous retrouver à domicile chez l’une d’elles pour un temps autour de l’Evangile et un moment de prière. Ce sont ces personnes qui se chargent d’inviter. Trois groupes vont ainsi fonctionner, chacun d’eux regroupant des personnes de deux ou trois villages voisins. En chaque lieu de dix à douze personnes se réunissent ainsi chaque mois.
Un autre groupe de jeunes femmes s’est également constitué, se réunissant à son rythme.
Une année ce fut avec l’év de Marc, puis Luc, enfin Matthieu. Nous nous servions, entre autres, des fiches de Christophe Raimbault Pour la prière nous méditions un psaume chaque fois.
Un participant disait alors : « Nous avons un lieu de parole dans nos villages. » et pour une autre, qui avait été impliquée dans l’animation liturgique au temps où il y avait encore la messe dans son village : « Heureusement qu’il y a ces rencontres, nous nous sentions abandonnés, il n’y avait plus rien dans nos villages, nous ne voyons plus de prêtre, ainsi nous retrouvons la communauté rassemblée autrefois. »
2008 Année de la mission, nous prenons la lecture des Actes des Apôtres.
Ces 4 groupes sont prêts pour cette lecture. Certains de leurs membres rejoignent de nouveaux groupes qui se constituent cette fois à Ligueil même, mais aussi dans trois autres villages. De plus des catéchistes, le MCR, un groupe de jeunes couples, en partie de Loches, constituent également des groupes de lecture. Cela fait 11 groupes sur la paroisse de Ligueil.
Certains ont fait le pas pour être modérateurs. La composition des groupes est très variée : certains se retrouvent par affinité, mais d’autres ont fait connaissance. Les rencontres ont lieu chez l’habitant dans les villages, sauf deux à la salle paroissiale, les jeunes couples vont chez l’un, chez l’autre. Il y a donc quelques groupes de plus jeunes, mais la majorité est composée de retraités. Il y a des pratiquants réguliers, mais pas seulement, surtout parmi les plus jeunes.
Nous suivons le livret pas à pas et nous en sommes à la 5ème rencontre.
Merci pour ce livret que nous apprécions beaucoup et qui est un véritable guide.
Les Actes des Apôtres n’étaient guère connus, sauf pour quelques récits : Ascension, Pentecôte. Pour la plupart c’est donc une nouveauté totale, ce qui entraîne beaucoup de questions :
- pourquoi ces références à l’Ancien Testament ? Pourquoi des juifs et des grecs ? La diaspora c’est quoi ? Saul, Paul, de qui parle-t-on ?
Mais tous lisent et plusieurs fois avant la rencontre le texte proposé : « il faut bien lire plusieurs fois pour entrer dans le texte… » dit-on. « Plus les personnes avancent dans la lecture, plus elles sont enthousiasmées, car au début elles étaient déconcertées, pour elles c’est une découverte. »
A l’usage voilà comment nous procédons
Nous prenons le texte proposé par séquence, si on peut dire, et nous en relisons l’essentiel, cela permet de l’entendre ensemble.
Nous prenons alors les questions et essayons d’y répondre. Certains avaient noté leurs réponses par écrit. On en discute, passant parfois de l’observation à la méditation par séquence. Il serait difficile de départager en raison des réactions qui surviennent.
Une première attention est de savoir lire le texte, on s’y entraîne, car parfois on cherche trop la réponse dans ses souvenirs ou par un raisonnement (la bonne réponse) alors qu’il suffit de lire. C’est déjà un très bon entraînement : que dit le texte ? Ce sera valable par la suite pour toute lecture biblique. Nous apprécions les questions telles qu’elles sont posées, d’autres surgissent évidemment.
Chacun est un peu unique devant la Parole, il y a des personnes étonnantes. Je pense à une célibataire, plutôt effacée, qui, j’allais dire « tombe juste ». Je me dis alors qu’il y a un don de l’Esprit pour les cœurs simples et ouverts, et pas seulement pour les personnes plus cultivées.
Peu à peu, au fil des rencontres (4 ou 5) nous découvrons le chemin de la Parole dans les Actes, nous regardons la carte, nous rappelant la dernière parole de Jésus à ses disciples. Nous découvrons la place de l’Esprit et du baptême, les joies et les épreuves des premières communautés, la place de l’Eglise (Ananie allant vers Saul), l’ouverture aux païens et le message central de ceux qui en témoignent : « Ce Jésus de Nazareth qui est mort, il est ressuscité, nous en sommes témoins. » un Message qui revient dans les discours. C’est bien utile de retrouver ensemble le cœur de notre foi.
Mais, que me dit le texte ? Tout ce beau récit ça dit quoi pour notre vie aujourd’hui ?
Cette question est bien présente dans les échanges.
Voici ce qu’a écrit pour notre bulletin paroissial un des participants :
Nous recevons nous aussi l’Esprit St, nous sommes nous aussi envoyés comme témoins et cela dans tous les faits et gestes de notre vie.
Les premières communautés écoutaient la Parole et partageaient leurs biens. Cela nous paraît exigeant mais aussi nous interpelle : où en sommes-nous dans l’accueil, l’écoute, le partage dans nos communautés chrétiennes ?
« Au nom de Jésus, lève-toi et marche. » a dit Pierre au paralytique et cet homme remis debout a retrouvé sa dignité et a réintégré la communauté. Dans notre vie de tous les jours nous pouvons aider des personnes à se remettre debout. L’une de nous partage une expérience vécue dans l’accueil d’une famille en deuil. Et chacun voit des exemples dans sa vie et celle de l’Eglise.
Ces textes nous paraissent parfois difficiles, mais nous sommes convaincus que, pour mieux vivre notre foi il faut essayer de mieux comprendre la Parole de Dieu, le cœur de notre foi c’est Jésus.
- D’un autre groupe : « Mettre tout en commun » : cela interpelle certains qui se posent des questions : nous les nantis, que faisons-nous ? D’autres disent : il n’y a pas que l’argent, on peut donner son temps, son cœur, sa foi, sa prière.
Quelqu’un parle des miracles : je déteste les miracles, c’est quelque chose de tout à fait naturel ! Tout est miracle : notre vie, l’amour, la prière, la nature, ça c’est le vrai miracle !
Le troisième temps, c’est la prière
Là c’est plus difficile. Au début de la rencontre nous avons prié l’Esprit Saint pour qu’il nous éclaire. A la fin, pour exprimer louange ou demande il y a quelques merci pour ce temps passé et les découvertes faites et parfois quelques intentions, mais nous ne sommes pas très entraînés à exprimer davantage à partir de ce qui a été vécu précédemment.
Alors, depuis la 3ème rencontre, je fais une autre proposition. Dans un temps de silence chacun se souvient d’une parole de ce texte qui l’a touché ou qu’il veut garder et nous les exprimons les uns après les autres dans un climat de prière. Et presque tous les participants expriment une phrase écoutée par tous. Le choix est très varié et est sans doute révélateur de ce qui peut toucher chacun.
Nous terminons par un chant à l’Esprit pour qu’il nous permette de vivre de cette Parole.
Ces temps forts d’écoute et de compréhension de la Parole, vécus en groupe, bénéficiant les uns des autres, créent entre nous une relation de communauté, je dirais une communauté dans la foi.
La dernière fois, une femme avec un grand sourire disait : Cette rencontre m’a remonté le moral, j’y ai retrouvé du courage. L’an dernier elle m’avait dit :. Sans ce groupe je ne sais pas où j’en serais de ma foi et de ma pratique religieuse. Et elle a pris bien des engagements dans la paroisse. Le climat de joie, repéré dans les Actes, est visible sur les visages et aussi dans les cœurs à la fin de nos rencontres. Et c’est bien aussi la mienne de participer à ces groupes de lecture des Actes des Apôtres.
Soeur Denise
Journée du 28 Mars 2009 à la Grande Breteche – Tours
Quelques mots sur l’origine
Je vous parle depuis la paroisse St Grégoire de Ligueil, doyenné de Loches, 8500 habitants, 15 clochers. J’y suis en communauté de Sœurs des campagnes à Ligueil.
Automne 2004, réorganisation des paroisses en Touraine du Sud, moins de prêtres, les messes sont célébrées le dimanche à l’église du centre et ne le sont plus dans les églises des petits villages. Depuis, la paroisse s’étant agrandie de cinq villages elle est aussi célébrée le dimanche dans un de ces cinq villages.
Donc en 2004, à l’automne, une question se pose : comment garder une vie et une visibilité d’Eglise dans ces villages ? Après proposition et échange avec des personnes-relais de ces villages, nous allons nous retrouver à domicile chez l’une d’elles pour un temps autour de l’Evangile et un moment de prière. Ce sont ces personnes qui se chargent d’inviter. Trois groupes vont ainsi fonctionner, chacun d’eux regroupant des personnes de deux ou trois villages voisins. En chaque lieu de dix à douze personnes se réunissent ainsi chaque mois.
Un autre groupe de jeunes femmes s’est également constitué, se réunissant à son rythme.
Une année ce fut avec l’év de Marc, puis Luc, enfin Matthieu. Nous nous servions, entre autres, des fiches de Christophe Raimbault Pour la prière nous méditions un psaume chaque fois.
Un participant disait alors : « Nous avons un lieu de parole dans nos villages. » et pour une autre, qui avait été impliquée dans l’animation liturgique au temps où il y avait encore la messe dans son village : « Heureusement qu’il y a ces rencontres, nous nous sentions abandonnés, il n’y avait plus rien dans nos villages, nous ne voyons plus de prêtre, ainsi nous retrouvons la communauté rassemblée autrefois. »
2008 Année de la mission, nous prenons la lecture des Actes des Apôtres.
Ces 4 groupes sont prêts pour cette lecture. Certains de leurs membres rejoignent de nouveaux groupes qui se constituent cette fois à Ligueil même, mais aussi dans trois autres villages. De plus des catéchistes, le MCR, un groupe de jeunes couples, en partie de Loches, constituent également des groupes de lecture. Cela fait 11 groupes sur la paroisse de Ligueil.
Certains ont fait le pas pour être modérateurs. La composition des groupes est très variée : certains se retrouvent par affinité, mais d’autres ont fait connaissance. Les rencontres ont lieu chez l’habitant dans les villages, sauf deux à la salle paroissiale, les jeunes couples vont chez l’un, chez l’autre. Il y a donc quelques groupes de plus jeunes, mais la majorité est composée de retraités. Il y a des pratiquants réguliers, mais pas seulement, surtout parmi les plus jeunes.
Nous suivons le livret pas à pas et nous en sommes à la 5ème rencontre.
Merci pour ce livret que nous apprécions beaucoup et qui est un véritable guide.
Les Actes des Apôtres n’étaient guère connus, sauf pour quelques récits : Ascension, Pentecôte. Pour la plupart c’est donc une nouveauté totale, ce qui entraîne beaucoup de questions :
- pourquoi ces références à l’Ancien Testament ? Pourquoi des juifs et des grecs ? La diaspora c’est quoi ? Saul, Paul, de qui parle-t-on ?
Mais tous lisent et plusieurs fois avant la rencontre le texte proposé : « il faut bien lire plusieurs fois pour entrer dans le texte… » dit-on. « Plus les personnes avancent dans la lecture, plus elles sont enthousiasmées, car au début elles étaient déconcertées, pour elles c’est une découverte. »
A l’usage voilà comment nous procédons
Nous prenons le texte proposé par séquence, si on peut dire, et nous en relisons l’essentiel, cela permet de l’entendre ensemble.
Nous prenons alors les questions et essayons d’y répondre. Certains avaient noté leurs réponses par écrit. On en discute, passant parfois de l’observation à la méditation par séquence. Il serait difficile de départager en raison des réactions qui surviennent.
Une première attention est de savoir lire le texte, on s’y entraîne, car parfois on cherche trop la réponse dans ses souvenirs ou par un raisonnement (la bonne réponse) alors qu’il suffit de lire. C’est déjà un très bon entraînement : que dit le texte ? Ce sera valable par la suite pour toute lecture biblique. Nous apprécions les questions telles qu’elles sont posées, d’autres surgissent évidemment.
Chacun est un peu unique devant la Parole, il y a des personnes étonnantes. Je pense à une célibataire, plutôt effacée, qui, j’allais dire « tombe juste ». Je me dis alors qu’il y a un don de l’Esprit pour les cœurs simples et ouverts, et pas seulement pour les personnes plus cultivées.
Peu à peu, au fil des rencontres (4 ou 5) nous découvrons le chemin de la Parole dans les Actes, nous regardons la carte, nous rappelant la dernière parole de Jésus à ses disciples. Nous découvrons la place de l’Esprit et du baptême, les joies et les épreuves des premières communautés, la place de l’Eglise (Ananie allant vers Saul), l’ouverture aux païens et le message central de ceux qui en témoignent : « Ce Jésus de Nazareth qui est mort, il est ressuscité, nous en sommes témoins. » un Message qui revient dans les discours. C’est bien utile de retrouver ensemble le cœur de notre foi.
Mais, que me dit le texte ? Tout ce beau récit ça dit quoi pour notre vie aujourd’hui ?
Cette question est bien présente dans les échanges.
Voici ce qu’a écrit pour notre bulletin paroissial un des participants :
Nous recevons nous aussi l’Esprit St, nous sommes nous aussi envoyés comme témoins et cela dans tous les faits et gestes de notre vie.
Les premières communautés écoutaient la Parole et partageaient leurs biens. Cela nous paraît exigeant mais aussi nous interpelle : où en sommes-nous dans l’accueil, l’écoute, le partage dans nos communautés chrétiennes ?
« Au nom de Jésus, lève-toi et marche. » a dit Pierre au paralytique et cet homme remis debout a retrouvé sa dignité et a réintégré la communauté. Dans notre vie de tous les jours nous pouvons aider des personnes à se remettre debout. L’une de nous partage une expérience vécue dans l’accueil d’une famille en deuil. Et chacun voit des exemples dans sa vie et celle de l’Eglise.
Ces textes nous paraissent parfois difficiles, mais nous sommes convaincus que, pour mieux vivre notre foi il faut essayer de mieux comprendre la Parole de Dieu, le cœur de notre foi c’est Jésus.
- D’un autre groupe : « Mettre tout en commun » : cela interpelle certains qui se posent des questions : nous les nantis, que faisons-nous ? D’autres disent : il n’y a pas que l’argent, on peut donner son temps, son cœur, sa foi, sa prière.
Quelqu’un parle des miracles : je déteste les miracles, c’est quelque chose de tout à fait naturel ! Tout est miracle : notre vie, l’amour, la prière, la nature, ça c’est le vrai miracle !
Le troisième temps, c’est la prière
Là c’est plus difficile. Au début de la rencontre nous avons prié l’Esprit Saint pour qu’il nous éclaire. A la fin, pour exprimer louange ou demande il y a quelques merci pour ce temps passé et les découvertes faites et parfois quelques intentions, mais nous ne sommes pas très entraînés à exprimer davantage à partir de ce qui a été vécu précédemment.
Alors, depuis la 3ème rencontre, je fais une autre proposition. Dans un temps de silence chacun se souvient d’une parole de ce texte qui l’a touché ou qu’il veut garder et nous les exprimons les uns après les autres dans un climat de prière. Et presque tous les participants expriment une phrase écoutée par tous. Le choix est très varié et est sans doute révélateur de ce qui peut toucher chacun.
Nous terminons par un chant à l’Esprit pour qu’il nous permette de vivre de cette Parole.
Ces temps forts d’écoute et de compréhension de la Parole, vécus en groupe, bénéficiant les uns des autres, créent entre nous une relation de communauté, je dirais une communauté dans la foi.
La dernière fois, une femme avec un grand sourire disait : Cette rencontre m’a remonté le moral, j’y ai retrouvé du courage. L’an dernier elle m’avait dit :. Sans ce groupe je ne sais pas où j’en serais de ma foi et de ma pratique religieuse. Et elle a pris bien des engagements dans la paroisse. Le climat de joie, repéré dans les Actes, est visible sur les visages et aussi dans les cœurs à la fin de nos rencontres. Et c’est bien aussi la mienne de participer à ces groupes de lecture des Actes des Apôtres.
Soeur Denise